Métallurgie antique en Couserans

L’exploitation du sol

De nombreux sites inventoriés et exploités à des époques diverses.

C’est César, à propos des combats qui opposèrent Sobiates et armée de Crassus, qui affirme que “les Aquitains sont habiles dans le creusement de tunnels” car “il y a chez eux en maints endroits des mines de cuivre“. Strabon évoque les mines d’or situées “au pied du mont pyréné” et d’après lui le peuple des Tarbelli “possèdent les mines d’or les plus productives“. Cependant il n’est fait nulle part mention des mines des Consorani.

Mais l’archéologie nous démontre que certains sites comme la grotte Sainte Catherine de Balagué ont été exploités tout au long de l’Age de fer pour extraire la limonite entre autre. On pense traditionnellement que la romanisation de la montagne s’est accompagné d’une surexploitation des sous-sols. En réalité à l’heure actuelle seuls deux gros gisements ont été attesté en Couserans puisqu’ils refermaient des tessons d’amphores romaines. Ils ont été découverts en 1960 à la mine des Argentières et dans le crassier de Bernadées (Soueix Rogalle) et impliquent peut-être des sites d’extraction proches (le Rus ? , Tachouères ? , la Hage ?, la grotte d’Ardet ?). Devant l’impossibilité de recenser l’ensemble des exploitations minières et leur évolution, un certain nombre de site occupés à un moment déterminé entre la protohistoire et la période romaine ont cependant été cartographiés.

Les métaux dont nous trouvons la trace pendant l’Antiquité

L’OR

Le Salat est aurifère et s’il a pu attirer des orpailleurs dès l’antiquité, il est probable que cette exploitation n’était pas aussi importante que celle mentionnée par Strabon.

LE PLOMB ARGENTIFERE

Le procédé de coupellation du minerai de plomb argentifère était connu avant la romanisation et plusieurs sites de prospection semblent dater de cette époque comme à Aulus (Les Argentières).

LE CUIVRE

Nous savons que le cuivre du Séronnais a été exploité  dès l’Antiquité. Sont cités aussi par les historiens locaux aussi quelques filons à Bordes, Irazein, Ustou, Ercé, ou Aulus sans que l’on connaisse la date de leur découverte.

L’ETAIN

Même si des gîtes stannifères sont signalés et que ce minerai, utilisé dans la fabrication du bronze, était fort recherché aucun des sites mentionnés n’a été clairement identifié.

LE FER

Le minerai de fer se retrouve un peu partout sur l’écorce terrestre et assez facilement, cependant cette exploitation ne se développera apparemment pas avant le IXe siècle av. JC en Gaule. Le Couserans compta plusieurs sites plus ou moins anciens, à Balagué, en Bethmale, à Soueix ou à Aulus.

A la fin du Moyen age et pendant toute l’époque moderne, le gîtes de fer s’avèrent insuffisant pour combler les besoins des forges locales. Aussi en vertu d’un accord dès la XIVe siècle, les maîtres des forges du Couserans importèrent du minerai de fer venu des vallées du Vicdessos qu’ils échangèrent contre du charbon.

Une tradition locale considère ce chemin comme une voir d’origine romaine passant par le plateau de Coumebière. Il est tentant de penser que cette route du fer, ponctuée de plusieurs mines, était belle et bien une voir économique importante sous l’Antiquité…

C.T.


Références bibliographiques

DUBATIK, Claude. Recherches sur les travaux miniers du Haut-Salat. 1re Partie: les mines d’Aulus-les-Bains. imp. Floquet, Saint girons, 1981.

DUBOIS, Claude. Mines, métallurgies , forêt dans les Pyrénées ariégeoises de l’Antiquité au Moyen-Age, Groupement de recherche Isard, Toulouse LeMirail, 1991.

GROUPE D’ARCHEOLOGIE ANTIQUE, Guide répertoire d’archéologie antique (époques celtique, romaine et mérovingienne); le département de l’Ariège, Paris, 2ème édition, 1980.

MALLUS (J. de), Recherche et découverte des mines des montagnes Pyrénées faites en l’an mille six cents par Jean de Malus et rédigée par J. du Puy, Toulouse, réédition, 1990.

MUSSY (M.), Gîtes métalliques du Saint-Gironais, Saint-Etienne, 1864.

La route du fer

Pendant près de vingt siècles, la mine de Rancié à SEM, réputée pour la forte teneur en fer de son minerai, fut un des principaux fournisseurs des forges de la région et notamment de celles du COUSERANS.
Venant certainement formaliser une pratique beaucoup plus ancienne, un traité daté de 1347 faisait état d’échanges de charbon de bois contre du minerai de fer entre le VIC DE SOS et ses voisins occidentaux.

Ce commerce a perduré jusqu’au XVIIIème siècle, où, à cette époque, 300 mulets chargés de sac de minerai, menés par 150 personnes, franchissaient, tous les jours pendant neuf mois de l’année, le port de SALEIX en direction d‘AULUS, et revenaient, par le même chemin, chargées de charbon de bois.

F.J.

Références bibliographiques

Robert REULLE. “LA MINE DE FER DE RANCIE – La mine aux mineurs“. Editions LACOUR 1999

Jean CANTELAUBE – L’industrie du fer dans le Couserans – De la mouline à la forge catalane XIVème – XIXème siècle – Revue de Comminges tome CXXII 2006-1
Carte Archéologique de la Gaule L’ARIEGE – Jean-Marie ESCUDE QUILLET, Catherine MAISSANT. Fondation maison des Sciences de l’Homme

Un site très complet sur l’histoire de l’exploitation minière en vallet du Garbet (Aulus-les-Bains): Les Forges de la vallée. [en ligne] Patrice RIEU , 2001.

Un site sur l’archéologie de la métallurgie: Les mines de fer de la Montagne noire. Université Toulouse Le Mirail. [en ligne]