Une récente exposition retraçant les découvertes archéologiques associées à l’exploitation et à l’utilisation du marbre par les hommes de l’antiquité romaine dans les Pyrénées centrales nous a permis de questionner les vestiges couserannais.
– {cms_selflink page=’sorties’ text=’La Visite de l’exposition du Musée des antiquités St-Raymond à Toulouse et ses enseignements.’ title=’sorties de l’année’}
– Redécouverte de l’autel votif de Lescure par notre ami Denis Mirouse
– Les vestiges en marbres de St-Lizier.
- Les éléments de construction divers: blocs de marbres, colonnes, pilastres, moellons, ou déversoirs dispersés dans toute la ville haute, souvent en réemplois (canalisations de la Cité).
- Les éléments décoratifs: stèles, autels ou éléments ornementaux souvent réutilisés et mis en valeur dans les constructions plus récentes.
Les remplois ou réemplois sont, en architecture, des éléments ou des matériaux provenant d’une construction antérieure (d’origine gallo-romaine ici) et réutilisés à une autre époque dans de nouveaux bâtiments. La notion de réemploi contient à la fois les notions de réutilisation, de récupération et de recyclage. Au Moyen âge, les éléments d’architecture antiques étaient réutilisés dans un souci pratique mais aussi symbolique ; on s’approprie et on détourne la culture des ancêtres, en particulier dans les édifices religieux.
Les réemplois que l’on a trouvés et utilisés dans les différents bâtiments de la ville de St-Lizier sont les plus nombreux du Couserans. Parmi ces réemplois, de nombreuses inscriptions gravées ont permis de mieux d’appréhender l’identité (politique, religieuse et culturelle) de la population Consoranni sous l’antiquité. La plupart sont d’origine religieuse et funéraire (épitaphes), elles témoignent de l’attention particulière des gallo-romains pour leurs défunts.
Ces remplois sont répartis dans plusieurs bâtiments plus ou moins accessibles, encore sur place ou bien mis à l’abri.
On trouvait ces remplois…
– Sur les Remparts (IVe siècle a.p JC): à l’exemple de l‘Epitaphe de LONGINUS dans le secteur nord ouest, au dessus de deux égouts antiques, une plaque funéraire en marbre blanc aujourd’hui conservée au Musée St Raymond (Toulouse).
Plaque en marbre banc, cassée à gauche (texte manquant)
(haut. 0.48 m , larg. 0.18 m)
Utilisée comme remploi dans un des déversoirs placés sur les remparts construits durant l’antiquité tardive, cette inscription fut extraite du mur en 1868 au dessus de deux égouts antiques.
(Dis) manib(us) / (lo)ngini / […]ni duumvir(i) / (v)aleria / […]a uxor, / (marit)i optimi
« Aux Dieux Mânes de Longinus […]nus, duumvir, Valeria […]a, son épouse, au meilleur des maris. »
Ce texte témoigne de la romanisation des croyances des habitants du Couserans au IIe siècle ap. JC..
L’attribution à Saint-Lizier de ce duumvir (magistrat élu d’une Cité de droit romain) reste du domaine de l’hypothèse. Un tel titre semble signifier que le territoire des Consoranni était devenu une cité régie par deux IIviri à cette époque là.
– Sur le pont de St-Lizier: Autel votif à BELISAMA, un autel en marbre blanc veiné de gris, mutilé et renversé, imbriqué dans une des piles du pont.
Description : Cet autel votif est renversé sur sa face latérale droite à 1,73 m de hauteur sur la face ouest de la seconde pile depuis la D 117. Il est en marbre blanc veiné de gris-bleu et porte l’inscription « Consacré à Minerve Belisama. Quintus Valerius Montanus, en accomplissement de son vœu ». Il est en partie mutilé, en bas et à droite.
Interprétation : Certains auteurs ont considéré ce pont comme antique (L.-H. Destel, R. Lizop, T.C.F.). L’autel votif ne prouve aucunement cette hypothèse puisque ce dernier a du être récupéré à proximité à une période indéterminée.
L’inscription nous dévoile un exemple d’assimilation d’une divinité d’origine celtique à une déesse du panthéon romain.
R. Lizop avait vu en cette divinité « la divinité protectrice de la confédération des peuples du Salat » dont le sanctuaire devait se situer dans la ville haute de Saint-Lizier (voir sa reconstitution du plan de la ville, 1931a, p. 112-114).
– Sur la cathédrale: comme par exemple la Dédicace à NONIA , dans un contrefort occidental du mur de la cathédrale, inséré dans le grenier d’une maison d’habitation, une inscription funéraire sur du marbre blanc.
NONIAEEVAN HIDICONIVGH COMPARABILI XITANN XXVIII MENS V D XXVII R MARCELLUS MIL.
« A Nonia Evanthis, son épouse incomparable qui a vécu vingt-huit ans, cinq mois et vingt sept jours : Titus Terentius Marcellus, soldat »
– Enfin, sur le reste de la commune: comme l’ Épitaphe à HANARRUS: une plaque de marbre recouvrant un sarcophage avec une inscription funéraire déposée au Musée St Raymond.
Plaque de marbre saccharoïde blanc.
(haut. 0.60 m, larg. 0.87 m)
(obito) hanarro, / dannorigis f(ilio), / mag(istro) quater et / quaestori. / v(ivae) aldeni, donni fil(iae), uxori.
« A feu Hannarrus, fils de Dannorix, quatre fois magister et questeur ; à Alden, fille de Donnus, sa femme encore vivante. »
Inscription dédiée au défunt Hannarus, fils de Dannorix qui fut quatre fois magister (d’un pagus ou d’un vicus) et questeur, et à son épouse Alden, fille de Donnus. Datant du Ier ou IIe siècle, elle fut découverte au XVIIIe siècle sur un tombeau à Saint-Lizier (Ariège).