Les Consorani ont-ils réellement existé ?

L’ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l’une est habitée par les Belges, l’autre par les Aquitains, la troisième par le peuple qui, dans sa langue, se nomme Celte, et, dans la nôtre, Gaulois. Tous ces peuples diffèrent entre eux par le langage, les coutumes, les lois. Les Gaulois sont séparés des Aquitains par la Garonne, des Belges par la Marne et la Seine.

Commentaires sur la Guerre des Gaules I-1, Jules César

Consoran(n)i : Peuple aquitain à l’est de la Garonne. Pline l’ancien situe les Consuarani en Narbonnaise et les Consoranni en Aquitaine.

Par sa culture florissante [la Narbonnaise], par les mœurs et le mérite de ses habitants par son opulence, elle ne cède à aucun des pays soumis à l’empire; en un mot, c’est plutôt l’Italie qu’une province. sur la côte sont: la contrée des Sardons, et, dans l’intérieur, celle des Consuarans, les fleuves, le Tec, et le Vernodubrum; les villes, Illébéris, faible reste d’une cité grande jadis.

Histoire Naturelle, III, Pline

Civitas consoranorum

Pline l’ancien, mort à Pompei en 79, lors de l’éruption du Vesuve, est le premier auteur à faire état des Consoranni, dans deux passages de son Histoire Naturelle. Dans un, il mentionne la regio consuanorum, et dans l‘autre, il cite les consoranni parmi les vingt trois peuples de la province d’Aquitaine crée par Auguste au début du 1er siècle.

De la controverse savante entre consuarani et consoranni, il semble se dégager un consensus sur une partition administrative du Couserans, durant le Haut Empire, entre d’un côté la civitas convenorum (Saint Bertrand de Comminges) en Aquitaine et la cité de Tolosa (Toulouse) en Narbonnaise.

Les Consoranni n’apparaissent en tant que cité que dans un texte de la fin du IVème siècle ou début du Vème siècle : La Notitia Galliarum où il est fait état de la civitas Consorannorum en Novempopulie, nouvelle province crée par Dioclétien, à la fin du IIIème siècle. Le pagus (pays) des Consoranni avait désormais rang de cité.

Selon l’hypothèse la plus plausible, la cité des Consoranni durant l’antiquité tardive, coïnciderait avec le diocèse médiéval du Couserans, les premiers évêchés ayant succédé aux cités de l’empire, l’autorité des évêques venant se substituer à celle des fonctionnaires impériaux.
 
Le diocèse du Couserans dont l’existence est attestée en 506 par la signature au concile d’Agde de l’évêque Glycerius (canonisé sous le nom de Saint Lisier), comprenait les cantons de Castillon (étendu à Portet d’Aspet et Couledoux), Oust, Massat, Saint-Lizier (sauf Betchat), Sainte-Croix-Volvestre (sauf Sainte Croix, Mauvezin et Merigon), Saint-Girons (sauf Clermont) et La-Bastide-de-Sérou à l’exclusion d’Aigue-Juntes. L’ensemble formait un territoire homogène à dominante montagneuse très bien pourvu en richesses minières dont l‘exploitation remonte à l‘âge du bronze.

Dès cette époque est apparu, dans les Pyrénées ariégeoise, une industrie de transformation du minerai et de travail du métal qui s’est intensifié au contact du monde romain à partir du IIème siècle av. JC comme en témoigne la présence de céramiques d’origine italienne découvertes en quantité sur d’importantes exploitations de cuivre et de plomb.

Étaient également exploités des gisements de fer, d’étain et d’argent, ainsi que l’or alluvial (orpaillage). L’ouverture des premières carrières de marbre dont celle de Moulis, a répondu à la diffusion du mode de construction gréco-romain dans le Couserans.

Les données archéologiques, très lacunaires ne permettent pas de situer précisément l’emplacement et l’étendue de la capitale des Consoranni pendant le Haut Empire. Elle laissent toutefois supposer que le cœur de la ville antique se trouvait à Saint-Girons, au confluant du Lez et du Salat.

A Saint-Lizier, aucune urbanisation n’est attestée sauf la présence d’éléments d’architecture, réemployés notamment dans les murs de la cathédrale actuelle, provenant principalement de monuments funéraires habituellement construits en périphérie d’agglomération.

Au Bas-Empire, pour des raisons stratégiques, le centre du pouvoir s’est déplacée à Saint-Lizier, où n’est plus visible aujourd’hui que le rempart de la citadelle datée du début du Vème siècle, délimitant une surface réduite à 2,6 ha.

La totalité des 26 inscriptions antiques d’Ariège ont été retrouvées dans un rayon de 15 km autour de l’ensemble Saint-Lizier-Saint-Girons. Elles portent les noms de 41 hommes et de 12 femmes aux origines latines, celtes et aquitaines (ancêtres des basques) plus ou moins romanisés.

Un mélange de peuples qui a induit un mélange de pratiques religieuses. Les consoranni honoraient aussi bien des dieux aquitains comme Ande ou Arsillunnus, des divinités celtes comme la déesse Belisama assimilée à la Minerve romaine, et les dieux du panthéon officiel romains.

Repères chronologiques

  • 2000 : Age du bronze
  • 121 : Création de la province romaine de NARBONNAISE
  • 72 : Fondation de LUGDUNUM CONVENORUM par POMPEE
  • 56 : Campagne de CRASSUS en AQUITAINE
  • 27 à 14 : AUGUSTE Empereur de ROME
  • 284 à 305 : DIOCLETIEN Empereur de ROME
  • 418 : Royaume wisigoth de TOULOUSE, fédéré à ROME, englobant la NOVEMPOPULANIE
  • 507 : Effondrement du royaume de TOULOUSE – Conquête franque

F.J.

Pour en savoir beaucoup plus

Carte Archéologique de la Gaule L’ARIEGE – Jean-Marie ESCUDE QUILLET, Catherine MAISSANT Fondation maison Des Sciences de l’Homme 1997